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Entre-Deux

Le 14/12/2019

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Entre deux mers,
Entre deux terres,
De l'océan
Jusqu'à la mer,
Et de la mer
Jusques au ciel,
Depuis les monts,
Jusqu'à la berge,
Fonds sous-marins
Ou toit du monde.

Dans les nuées
Ou sur l'écume,
Tour d'horizon
Derrière la brume,
Rivage ardent,
Dessous la lune,
Lande endorme
Sous les embruns.

Phare au soleil,
Jette un regard,
Jetée au loin,
Cligne de l'oeil,
Pont scintillant
Sur mes yeux pers.
Plage assoupie,
De soie sertie,

Hermétique,
Tellurique,
Dramatique
Ou pacifique,
Mirifique,
Magnifique,

Jade ou jaspe,
Aigue-marine,
Outremer
Ou bien saphir,
Bleu de prusse,
Ou de cobalt
Ceruleum
Et outremer.
L'ami soleil
Paillette d'or
L'onde de sable,
L'onde de mer.

Sable et vent
Ciel et mer
Miroitant.
Mer et ciel
Appareillent.

Le vent me prend,
La mer me tend
Ses mains.
J'entends
L'appel au loin
Et les zéphyrs
Frisent mes mèches
Troussent ma jupe.

Foin des regrets,
Avance au large.
En errance,
Désamour,
En partance
Pour l'amour.
V'là le sac,
Oui, je craque
Le ressac
Prend mon trac
Chagrin d'amour,

Dure toujours,
Bonheur du jour,
Me fait la cour.
La vie est là,
J'ouvre mes bras.

Krystyna Umiastowska

 

Péripéties hospitalières

Le 15/11/2019

Je poireautais à l’hôpital
Et vraiment je me sentais mal.
Mon ventre depuis le matin
Fut rarement aussi peu plein.


On m’annonce des brancardiers
Qui ne veulent pas arriver.
La colère me monte au nez,
D’épuisement je vais pleurer.


Je ne veux pas d’une ambulance ;
J’ai encor’ mes deux pieds, je pense.
Et puis, c’est sûr, j’y s’rai malade :
J’en suis arrivée à ce stade !


Par deux fois le tour du cadran
De l’aiguill’ fut le chemin’ment.
— J’pars en métro, dis-je à l’hosto.
— C’est pas légal, c’est pas banal.
S’évanouir à l’hôpital,
Ça se fait, c’est notre boulot.
Oui, vous pouvez agoniser,
D’inanition pouvez tomber,
Sous nos doux yeux désabusés.
Mais un malais’ dans le métro,
Ça sort de nos attributions.


Bla, bla... leurs élucubrations
Viennent à bout de ma patience.
Je prends mes jambes à mon cou
Et dans les couloirs je m’élance.


Je sors, je mange un petit bout,
Et je saute dans une rame.
Coincée entre les seins des femmes
Et les fesses de ces messieurs,
Je me dis : c’est quand même mieux
Que les seringues et les sondes !
Enfin, je vis dans notre monde !
Je me sens un peu moins malade,
Ça vaut la petite balade !

En quelques stations enlevées,
Me voilà donc rapatriée
De l’épouvantable Bichat
À Saint-Louis. Sans tralala,
Je me faufile, pas un chat !
Et les zélés brancardiers
N’en étaient pas encor’ partis !

Six heures sonnent, c’est le soir.
Mon ventre était au désespoir !

L’on m’apporte mon déjeuner ;
Aussitôt la bouchée finie,
Je vois arriver mon dîner !
Et là, vous comprenez, je ris !


L’infirmier, très fâché, me dit :
— J’ai consigné dans le cahier,
Vos stupides péripéties.
Le chef en sera informé.
Vous êtes rentrée en taxi !


— Et si vous me mettiez au trou ?
Maintenant, veuillez me laisser,
Au bistro, je vais boire un coup !
J’ai besoin de me retaper :
Manométrie, fibroscopie,
Pneumologie, cardiologie,
Biochimie, sérologie,
Radiographie et biopsie,
Place de Clichy ou Saint-Denis,
Galliéni, ah, quel fouillis !


Le temps de sauter de mon lit,
Je m’étais déjà endormie !...

Krystyna Umiastowska
(2006)

 

Les brumes de novembre

Le 29/10/2019

 

Pyrenees

Brouillard duveteux
Un souffle m’effraie
Regard cotonneux
Une ombre se fraie

Quelques pas feutrés
A travers les bois
Quel est ce hasard
Perçant le blizzard ?

Serait-ce une muse
Présence diffuse
Ou bien un esprit
Errant par ici ?

Sors-tu des abîmes
Cachés de mon cœur
Ou viens-tu des cimes
Du séjour des morts ?

Parle, que veux-tu
En ce matin sombre
Toi qui es venu
Défiant les ombres ?

Je suis aux abois
Ecoutant ta voix
En ce jour brumeux
Calme et silencieux.

Temps de la Toussaint
En ce mois feutré
Marquant le déclin
Secret de l’année.

Toi qui t’es éteint
En ces jours derniers
Pourquoi ce retour
A pas de velours ?

Cherches-tu les cieux ouverts
Encore lumineux hier ?
Trouveras-tu le repos
Qui te fut promis là-haut ?

J’écoute tes pleurs
Et j’ouvre mon cœur,
Je sens ta douleur
Et je n’ai plus peur.

Pourquoi jusqu’à moi
T’ont mené tes pas ?
Moi qui n’ai que mes larmes
Qui n’ai d’autres armes

Je t'ai guidé
Tu m’as quittée

Comme apaisé
Et délivré.

Pouvoir des yeux
Encore mouillés
Pleurant pour tous
Les enterrés.

Toi qui n’es plus
Qu’une âme nue
Repose en paix,
Ami discret.

Je reste ici
Vivre ma vie.

 

Dona eis requiem sempiternam.

Krystyna Umiastowska

Adieu, l'Ami !

Le 29/10/2019

Jerome

(Sur l’air de Renaud, « Baltique »)

La méd’cine l’a condamné
Jérôme va bientôt nous quitter.
Et sa mère à son chevet
Doucement va le veiller.
Un jour prochain, je sais bien,
Jérôme retrouvera les siens :
Son père, son frère l’attendront
Quelque part dans l’immensité.
Et pourtant cet abandon
Laissera sa mère éplorée.
Je pourrai lui ouvrir mes bras
Mais non empêcher le trépas.
Demain, dans le jardin voisin,
Nous restera le chagrin.
Gavroche, oui, mon chien, tu le sais,
Jérôme va bientôt nous quitter.
Et  restera endeuillé
Ton bon cœur qui ne sait qu’aimer.
Un jour pourtant, je sais bien,
Jérôme retrouvera son chien.
Ce soir, je laisse saigner
Mon cœur qui le veille en secret.
Je n’ai que ça à donner,
Je le donne volontiers.

Krystyna Umiastowska
(2016)

 

Cornes de brume

Le 29/10/2019

 

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Cornes de brume
Dans la nuit brune.
Le vent mugit,
La lune a fui.

Mon cœur se glace.
La vie s’efface.
Mon âme tremble
Dedans mes membres.

 

Des vies trop brèves
Soudain s’achèvent.
Tant d’innocents,
En ces trois  ans.

 

Où s’en vont les ombres fugaces
De tous ces hommes qui trépassent
Parfois sans laisser une trace ?

 

Tous ces gens partis ce matin
Qui dérivent dans le lointain…
 Croiseront-ils notre chemin,
Hanteront-ils nos lendemains ?

 

Où sont partis
Tous ces amis,
Ces inconnus,
Ces âmes nues ?

Dérivent-ils dans le brouillard ?
Reste-t-il un dernier espoir ?
Se sont-ils déjà estompés
De nos mémoires
Dans la nuit noire ?

Notre pays est dans la brume.
Déjà des lueurs s’y allument
Et soudain, défiant l’écume,
Après un hommage posthume,
Se lèvent des flammes d’espoir.
Chacun, maîtrisant sa colère,
A l’édifice, donne sa pierre.
Toi,  poète, prends-en ta part.

Krystyna Umiastowska
(2017)

 

Au square

Le 27/01/2017

 

Lever de soleil 1

Jeux d’enfants,
Pas dansants
Innocents, 
Hésitants, 
Conquérants
Et confiants.

Lentement,
La maman
En chantant
Va berçant
Son enfant :
C’est charmant.

De petits pieds
S’en vont fouler
Le stratifié
Si coloré.

Je me délasse sur le banc,
Me prélasse au soleil levant.
Je profite de cet instant
Pour interrompre un peu le temps.

Courez, sautez, petits enfants !
Laissez-vous lécher par le vent.
Pour vous tous il sera bien temps
De jouer dans la cour des grands.

Krystyna Umiastowska

Au gui l'an neuf !

Le 10/01/2017

 

Rouge gorges sous la neige

Dans le grand sommeil de l’hiver,
Quand s’endort le règne animal,
Quand les sapins seuls restent verts,
Quand le grand froid soudain s’installe,

Une annonce pourtant se fait
Qui rebondit de cime en cime,
L’écho en multiplie les rimes,
Et sur les eaux fait ricochet.

Un an nouveau a vu le jour,
Enfin l’année a refleuri
Au son des cloches de minuit
Est né un chapelet de jours.

Que tous s’embrassent sous le gui,
Et que les cœurs à l’unisson
Se préparent à la moisson
Que le jour promet à la nuit.

Krysyna Umiastowska

 

Noël endeuillé

Le 22/12/2016

 

L'humanité souffre.
Depuis qu'il est sur la terre,
L'homme marche au bord du gouffre.
Croire à la lumière,
Moi je veux encore le faire.
Pour tous ceux qui désespèrent,
Je veux chanter clair.

Krystyna Umiastowska

 

Chantecler